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Le chemin de croix de Raynaude

Les touristes qui, durant la belle saison, empruntent la route reliant le Mas d’Azil à St Girons sont surpris de découvrir, à peu de distance de la célèbre grotte, un édifice religieux surprenant par son importance et son décor : il s’agit de l’église de Raynaude et de son chemin de croix.

L’église de Raynaude et son chemin de croix

A l’origine, cette église ne se situait pas sur l’emplacement actuel mais, près de là, sur la colline dominant la plaine. Selon le cartulaire du Mas d’Azil, elle était connue sous le nom de St Lizier d’Estilled même si on retrouve également le vocable de Saint Alby pour la désigner.
Partiellement ruinée pendant les guerres de religion puis réparée sommairement, l’évêque de Rieux constate, en 1724, que le toit de celle-ci doit être refait et qu’une partie de cette église doit être rebâtie. Cependant, cette décision reste sans effet et il faut attendre 1777, date de sa consécration, pour que la promesse de l’évêque, sous la pression des habitants du lieu, soit suivie d’effets.
Un siècle après (en 1860) faute d’entretien, cette église trop petite et très dégradée fut démolie.

Peu de temps après, en 1862, l’Abbé Rousse débuta son ministère et prit possession de sa paroisse dans le petit village de Raynaude ; il était alors âgé de 62 ans.
Sa paroisse ne possédait alors ni église, ni presbytère et plus grave encore les enfants catholiques allaient à l’école des protestants ce qui était intolérable aux yeux de ce dernier.
Décidant d’édifier un nouveau lieu de culte, il chercha un emplacement convenable et porta son choix sur un lieu facilement accessible et proche du temple protestant de Rieubach, antérieurement construit. Cette décision fut également motivée par le fait que les habitants du village qui vivaient sur les hauteurs transféraient peu à peu leurs habitats dans la plaine.

L’emplacement choisi, c’est la question financière qui fut à résoudre : l’abbé Rousse devint pèlerin mendiant et bientôt les aumônes affluèrent nombreuses et de partout.
C’est ainsi qu’il écrivit fièrement à l’agent des inventaires des églises en 1905 : « sur un fond m’appartenant et sans le secours, ni de la commune, ni de l’Etat, je commençai cette église et le presbytère attenant. Avec mon patrimoine, mes économies, mes privations, mes veilles, mes sueurs aussi et quelques dons personnels de personnes qui m’étaient dévouées, je suis arrivé au résultat que voilà »
La première pierre de cette église fut posée le 2 octobre 1863 et la première messe y fut célébrée trois ans plus tard, en 1865. Cette église est dédiée à Marie Immaculée, à Saint Joseph et à Sainte Anne ; il est intéressant de noter que cette dédicace est liée aux apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirou à Lourdes qui ont eut lieu à cette époque (1858).
Par la suite Pie IX enrichit l’église de Raynaude de plusieurs indulgences et lui accorda des privilèges remarquables.

Mais l’abbé Rousse ne s’en tint pas là. Il construisit un presbytère et cette réalisation fut suivie par celle d’un modeste orphelinat qui, le 18 mars 1867, obtint de la préfecture l’agrément pour la création d’une école, cette dernière devant « sauver les enfants si exposés à perdre la foi ». Une fois de plus, l’abbé Rousse eut besoin de la charité des fidèles : il fit de nombreuses souscriptions pour terminer ses travaux, l’autel, la statue de la Vierge…. Il sollicita même l’Empereur Napoléon III et l’Impératrice Eugénie.

Plus tard, il érigea un calvaire sur le coteau, derrière l’église, dont les quatorze chapelles s’aperçoivent de loin et encadrent gracieusement le bel ensemble formé par l’église et ses annexes. Faute de concours financiers extérieurs, il affecta à cette œuvre la totalité des aumônes qu’il recevait et fit appel, à plusieurs reprises, à la générosité des fidèles. Mais, trente ans plus tard, la construction n’était toujours pas achevée. On raconte alors qu’un américain de passage accompagné d’un ami fut surpris de voir cet ouvrage inachevé et, ayant appris que les problèmes financiers en étaient la cause, remit au prêtre un chèque destiné à la finition des travaux. L’américain en question, si l’on en croit le bouche à oreille, était John Rockefeller le richissime industriel voyageant avec son ami Morgan.
En 1895, cet ensemble, enfin terminé, fut consacré par Monseigneur Rougerie, évêque de Pamiers.

A l’origine, chaque chapelle était ornée d’un tableau en grès céramique représentant une des 14 stations du chemin de croix du Christ. Cependant la plupart des tableaux qui ornaient les chapelles du chemin de croix ayant été détériorés ou volés, l’évêché fit don, dans les années cinquante de motifs décoratifs en métal repoussé qui avaient été récupérés lors de la destruction du Monastère du Carol, près de Foix, édifié au cours de la même période.

Dernièrement, les chapelles du chemin de croix ont été rénovées par l’A.A.P.R.E. (Association Ariégeoise des Personnes en Recherche d’Emploi). Elles ont retrouvé leur crépi, leur toiture et leurs murs de pierres sèches ont été relevés. Ce chantier a duré presque 6 mois principalement pendant l’hiver 2004-2005. L’inauguration a eu lieu le 3 juin 2005.