Un peu d’histoire ...
Le grand mouvement de la Réforme dans le sud-ouest est facilité par l’appui des reines de Navarre, souveraines de Béarn et comtesses de Foix : Marguerite et Jeanne d’Albret. Au Mas d’Azil, où une tradition veut que Calvin soit passé en 1534 venant de Nérac, la population, noblesse en tête, adhère rapidement au christianisme réformé.
L’abbaye bénédictine, fondée au IXème siècle, est saccagée et les moines expulsés. Les protestants se réunissent dans un premier temps dans l’église paroissiale transformée en temple. Dès 1561 arrive un premier pasteur, Bernard Perrin, bientôt remplacé par Martin Tachard, lequel sera exécuté à Toulouse en 1567. La célèbre grotte préhistorique est fortifiée par Jeanne d’Albret, et dans la petite grotte de Peyrounard une stalagmite est dénommée chaire de Calvin. Tant et si bien qu’en 1569 le culte catholique est provisoirement interdit et que le Mas d’Azil est appelé la Genève du Comté de Foix. Il demeure un bastion protestant pendant toute la période des guerres de religion qu’interrompt l’édit de Nantes (1598).
En 1610, sous la pression du nombre de fidèles ne cessant d’augmenter, les protestants décident de bâtir un grand temple. Il est érigé près de la porte d’Albech, à l’emplacement de l’actuel carrefour. C’est d’ailleurs l’un des plus grands du sud ouest. Mais il est endommagé quelques années plus tard, lors du siège du Mas d’Azil, par les canonnades ennemies, et sans doute détruit lors de la Révocation (1685).
Ce siège demeure l’épisode le plus célèbre des guerres de religion dans notre région. Motivé par l’adhésion du Mas d’Azil à la révolte du duc de Rohan, il débute le 15 septembre 1625. Le maréchal de Thémines, brillant militaire rompu aux combats difficiles, est envoyé avec de nombreuses troupes pour réduire la poche de résistance que représente le village du Mas d’Azil, enserré dans un relief rocheux et protégé par de solides remparts. Placé au-dessus de la ville, le maréchal croit la chose aisée. Mais à l’intérieur la population n’a pas dit son dernier mot et elle fera preuve d’une résistance extraordinaire. La ville est canonnée sans relâche, mais la nuit les femmes de Mas aident à rebâtir les murailles lézardées. Le ciel se met de la partie et une pluie incessante commence à saper le moral des mercenaires royaux. Les tranchées s’effondrent, les soldats peu habitués à ce climat humide tombent malades, atteints de bronchite. Les vivres manquent. Pendant ce temps, à l’intérieur de la ville, l’armée protestante se bat vaillamment contre les agresseurs. Tant et si bien que deux mois plus tard, le 21 octobre, l’armée royale, humiliée, lève le siège.
Le Mas d’Azil a résisté ! Et le maréchal de poser la fameuse question : « Dieu est-il du côté des huguenots ? ».
Mais le triomphe sera de courte durée pour les protestants. En 1632, suite aux décrets de la Paix d’Alès (1629), on décide de détruire les remparts de la ville jugés trop protecteurs. Le catholicisme est réintroduit, mais l’Eglise réformée reste majoritaire, avec les pasteurs André et Charles de Bourdin, proches de la famille Bayle au Carla. Sous le règne de Louis XIV, c’est la période du "Désert" qui se met en place avec la révocation de l’édit de Nantes (1685). Comme dans les Cévennes, les protestants ariégeois vivent dans la clandestinité et subissent de cruelles persécutions et d’incessantes humiliations.
Ainsi en 1686 Philippe Lafont et Martial Pons, ayant refusé les derniers sacrements catholiques, sont déterrés, traînés sur des claies et jetés à la voirie. Pour avoir prêché lors de cultes clandestins le menuisier Gardel est condamné à mort en 1697, et pour avoir assisté à de telles assemblées au désert plusieurs Masdaziliens, dont les frères Laborde en 1748, sont condamnés aux galères.
Le nouveau temple
Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, le grand temple détruit est remplacé par un autre appelé “maison d’oraison”, situé non loin de l’église catholique (Champ de Bellone), mais dissimulé par discrétion dans un immeuble ; il était pourvu d’une vaste chaire de bois qui pourrait être celle que l’on voit dans le temple actuel.
La liberté de culte revient enfin peu à peu avec l’édit de Tolérance signé par le roi Louis XVI, les principes de la Révolution défendus sur place par le pasteur Jean-Jacques Rosselloty, et par la suite avec les décrets de Napoléon en 1802.
Le Mas d’Azil devient le chef-lieu du consistoire protestant.
En 1804 on restaure l’ancienne église paroissiale, délaissée et abîmée, pour la transformer en temple. Mais l’édifice étant en mauvais état et trop petit, on décide de construire à partir de 1821 le temple actuel, plus grand, à l’emplacement du lazaret, (autrement dit l’hôpital) de l’ancienne abbaye bénédictine : le presbytère protestant qui jouxte le temple porte en ses murs plusieurs vestiges des bâtiments de cette infirmerie médiévale. Il est inauguré en 1824. L’aspect intérieur a gardé quelque chose de romantique, avec des bancs de bois offerts ou confectionnés par chaque famille de la paroisse. Lors de la séparation des Eglises et de l’Etat (1905), une association cultuelle est constituée : elle se rattache en 1938 aux Eglises réformées évangéliques indépendantes.
Ce temple est donc riche d’un important passé protestant, mais pour assurer l’avenir il est l’objet d’un programme de restauration complète, notamment celle de la cloche (d’origine catholique) qui devrait sonner de bon cœur pour les générations futures l’espérance de l’évangile.
La chapelle protestante
Proche du temple se trouve également la chapelle protestante, de style néo-gothique anglais, construite en 1901 et offerte par la famille d’Amboix de Larbont, qui depuis le XVIIème siècle joue un rôle actif dans la vie de la paroisse comme de la cité. Cette chapelle servait de lieu de prière pour des offices célébrés en semaine. A présent elle est encore utilisée pour les cultes dominicaux en période d’hiver