Avant d’évoquer l’église paroissiale, il est intéressant de donner quelques informations sur l’ancienne abbaye du village tant leurs histoires sont liées.
L’abbaye du Mas d’Azil
Les bénédictins choisirent le site retiré du Mas d’Azil pour y construire un des premiers monastères du Midi. Cette abbaye existait sûrement dès la fin du VIIIème siècle et le premier document qui la concerne est daté de 817. Située sur les bords de l’Arize, cette abbaye était composée d’un prieur et de douze moines placés sous l’autorité d’un abbé qui en général ne résidait pas au monastère.
L’abbaye occupait un enclos que l’on peut approximativement délimiter aujourd’hui de la manière suivante : la rue Mouret, le champ de Bellone, la rue d’Albech et la Rue du temple.
Elle possédait aussi des terrains qui se situent derrière la Mairie d’où le nom de « les abbayes » donné à ce quartier.
L’abbaye se développa rapidement et s’étendit même jusqu’à la vallée de la Garonne ce qui excita bien souvent l’appétit des seigneurs locaux. Pour faire face à d’éventuelles exactions, l’abbé conclut un acte de paréage avec le comte de Foix en 1246 : ce dernier garantissait la protection à l’abbaye moyennant quoi l’abbé abandonnait une partie de ses terres. A la suite de cet acte, la bastide du Mas d’Azil fut fondée, octroyant aux habitants une charte.
Après avoir connu une grande prospérité grâce aux dons de familles nobles des environs, elle eut à souffrir des guerres religieuses à partir de 1569 : les bâtiments furent démolis et rasés et les moines ne durent leur salut qu’à la fuite, en se réfugiant dans le village de Montbrun (un rue du village porte d’ailleurs le nom de Rue des moines).
De cette abbaye, il ne reste plus rien aujourd’hui si ce n’est quelques signes sur les vieilles maisons aziliennes : plusieurs d’entre elles ont, en effet, été construites avec les matériaux de l’abbaye. On retrouve donc, ici et là, encastrés dans les façades, de vieilles pierres sculptées, des culots, des fragments de chapiteaux….
L’église paroissiale Saint Etienne
Ce n’est qu’en 1629 qu’une partie des moines regagna le Mas d’Azil ; ils s’y réinstallèrent définitivement vers 1649.
A leur retour, ils ne trouvèrent que des ruines et décidèrent de reconstruire une église sur l’emplacement de leur ancienne chapelle. La construction traîna en longueur l’abbé de l’époque, Joseph de Montpezat rechignant à la tâche. En attendant, ils utilisaient le bâtiment délabré de l’ancien hôpital qu’ils se partageaient avec le curé et les paroissiens catholiques qui ne disposaient, eux non plus, d’aucune église. Enfin le 19 novembre 1673, le vicaire général de Rieux, Monseigneur Mulatier vint bénir la nouvelle chapelle des moines.
De son côté, le curé accablé par la vétusté de l’hôpital qui faisait office d’église entreprit la construction d’une modeste église toujours dans l’enceinte de l’hôpital ; celle-ci fut achevée en 1681.
Le nombre des catholiques augmentant (du fait l’Edit de Fontainebleau en 1685), l’église abbatiale ainsi que la nouvelle construction du curé se révélèrent trop petites et, lors de la visite de l’évêque en 1724, ce dernier décida de faire élever une église digne de ce nom qui serait commune au monastère et aux paroissiens.
Les travaux furent exécutés par un maçon du village voisin de Campagne sur Arize ; Jean Sans. En 1747, il construisit le chœur et les deux sacristies ; en 1754, le clocher ; en 1755, le portail de la voûte et du clocher ainsi qu’un escalier à vis et un mur de clôture ; en 1756, l’augmentation d’ouvrage du clocher afin de lui donner sa forme octogonale ; et pour finir, en 1757 ce fut au tour des arceaux extérieurs.
A propos du singulier clocher octogonal à bulbe qui coiffe l’église ; on peut y voir une influence du baroque allemand de la fin du XVIIIème siècle.
Le bouche à oreille raconte que, lors de leur passage au Mas d’Azil, des bâtisseurs autrichiens auraient influencé maçons et ouvriers ariégeois : c’est de là que le clocher du Mas d’Azil tirerait son charme bavarois.